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LES CROISES FACE A UN SITE IMPRENABLE
« Jamais plus fort château ne s'est vu dans le monde.
Il fallut l'assiéger de Pâques à l'Ascension
Et moitié de l'hiver, comme dit la chanson. »
La Canso, adaptation versifiée par Claude Marti.
Installation du campement croisé, sur les lieux de l'actuel village. Dessin de Lionel Duigou. "Du haut de ses remparts, Raimond de Termes ne craint ni homme, ni Dieu" Pierre des Vaux de Cernay.
Aux alentours du 1er août 1210, Simon de Montfort et son armée arrivent sous les remparts de Termes et installent le campement principal au niveau du village actuel. Les croisés sont impressionnés par la position forte du château. Alors qu’ils rencontrent souvent des villages simplement fortifiés, sur les terres de langue d’Oc, ils trouvent ici une véritable forteresse.
Le château est composé de plusieurs faubourgs fortifiés dominés par un donjon ; les maisons qui s’étagent forment autant de lignes de défense, et à l’écart, sur l’abrupt rocher au-dessus des gorges, le fortin du Termenet veille.
Le seigneur de Termes s’est préparé au siège : il a approvisionné sa forteresse en vivres et matériels de guerre et a mobilisé son réseau de vassaux et chevaliers faidits*. Des mercenaires et un ingénieur spécialiste des machines de guerre ont été recrutés. Ce sont peut-être 500 personnes réfugiées dans le château et le village fortifié, dont un peu plus de 250 combattants.
Les faidits : seigneurs méridionaux dont les titres et possessions ont été remis à des seigneurs croisés suite à « l’exposition en proie », ou pour faits de résistance à la croisade albigeoise.
L’auteur de La Canso nous décrit le campement des croisés :
« Tentes de soie brodée,
chevaliers innombrables habillés de brocarts,
gonfalons magnifiques, hauberts de fine mailles,
hautes lances de frêne, enseignes et pennons,
chevaux au poil luisant, soldats de toutes sortes :
Allemands et Manceaux, Saxons et gens de Flandres,
de Normandie, d'Anjou, de Bretagne et Bavière,
Lombards et Longobards, Provençaux et Gascons.
L'évêque de Bordeaux est de la compagnie,
et Amanieu d'Albret, avec ses Aquitains. »
Bible
de Maciejowski, f° 27 v°, détail.
Evolution
de la fortification.
Sur
le plan des techniques de construction et de l’art de la guerre, le
Moyen Age connaît des évolutions notables. Les
palissades et les donjons en bois des « châteaux à motte »
et les premières fortifications en pierre, souvent modestes (un
donjon et une enceinte) sont remplacés, au XIIe siècle,
par des forteresses plus résistantes. Dans ce contexte, les
seigneuries minières telles que Termes ont des moyens financiers
accrus, leur permettant des travaux de défense conséquents.
Bible
de Maciejowski, f° 7.
Le
château de Termes défendu par les gorges du Termenet : en
voici la description que nous fait Pierre des Vaux de Cernay :
« Termes
semblait humainement tout à fait imprenable : il était bâti
au sommet d’une haute montagne sur un grand rocher naturel, entouré
de ravins profonds et inaccessibles où couraient des torrents qui
entouraient le château : ces ravins étaient bordés de rochers
si hauts et si réfractaires pour ainsi dire à la descente que celui
qui voulait atteindre le château devait d’abord se laisser glisser
dans le ravin et ensuite ramper pour ainsi dire vers le ciel. De
plus, à un jet de pierre du château un piton isolé portait un
fortin de petite dimension, mais d’une grande solidité nommé
Termenet. »
Quelques éléments de l'armement :
Bible de Maciejowski, f° 10, détail.
L’arbalète est une arme de jet bien plus puissante que l’arc. Son utilisation entre chrétiens fut interdite lors du Concile de Latran en 1139 car jugée trop meurtrière : le carreau d’arbalète pouvait transpercer une armure à une distance de 100 m.
Bible de Maciejowski, f° 21, détail.
Casque de type « bol » avec protection nasale très répandu au XIIIe siècle.
5. The crusaders faced with a site deemed totally resistant to attack.
On the 1st August Simon de Montfort and the first crusaders set up camp under the castle of Termes, actually in the area where the village is today. They are impressed by the fortress which is made up of outlying dwellings defending the high main tower on the top of the mountain. And to one side is a small fortified outpost called Termenet which is watching over the gorges..."Termes seemed impregnable to man."
Raimond of Termes has stocked up on supplies and materials for war. He has mobilised his loyal vassals, recruited mercenaries, and war machines have been made by a specialist. Allied lords are here as a reinforcement in this crucial battle. There are maybe 500 people in total of which 250 are fighting men. With its steep slopes on three sides forming a natural defence it seems a place ready for confrontation.
5 .
Los cruzados frente a una plaza tenida por inexpugnable
El
primero de agosto, los primeros cruzados y Simón de Monfort, acampan
al pie del castillo de Termes, en el lugar donde está edificado el
pueblo actual. Quedan impresionados por la fortaleza : varios
suburbios fortificados parecen defender la torre del homenaje que
domina el conjunto, mientras el fortín del Termenet, un tanto
desviado, controla la garganta del río… « Termes parecía
imposible de tomar por fuerzas humanas ».
Naturalmente
defendido por el fuerte declive de tres de sus laderas, el sito ha
sido preparado para el enfrentamiento. Raimundo de Termes ha
abastecido el castillo de víveres y materiales de guerra. Además de
aprovecharse del refuerzo de señores aliados, ha movilizado a sus
vasallos y reclutado mercenarios. Hasta se ha acudido a un
especialista para la construcción de máquinas de guerra. O sea, un
total de unas 500 personas, tal vez, entre las cuales unos 250
combatientes (?).