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DES DIFFICULTES DANS CHAQUE CAMP
Voici la situation des défenseurs racontées dans l’Historia Albigensis : « A ce moment, nos ennemis manquèrent d'eau. Leurs voies d'accès étant bloquées depuis longtemps par les nôtres, ils ne pouvaient plus sortir pour puiser de l'eau, et quand l'eau manqua, le courage et l'envie de résister leur manquèrent également. »
Voici maintenant la situation du côté des croisés : « Entre temps, le noble comte de Montfort souffrait d’une détresse si grande et si pressante que très souvent il n’avait rien à manger : le pain même faisait défaut à plusieurs reprises : nous le savons de sources sûre : il lui arriva de s’absenter volontairement quand approchait le moment des repas et, de honte, il n’osait rentrer sous sa tente parce qu’il était l’heure de manger et qu’il n’avait pas seulement de pain. »
Simon de Montfort échappant à la mort. Dessin Lionel Duigou.
Pour Simon de Montfort, la situation est délicate, les combats sont rudes et il échappe même de peu à la mort ; voici le récit de Pierre des Vaux de Cernay : « Un dimanche, notre comte était dans sa tente et écoutait la messe : un sergent se tenait derrière lui, presque contre son dos : la clémente providence de Dieu l’avait ainsi disposé. Tout à coup, une flèche lancée pat une baliste ennemie frappa le sergent et le tua. Personne ne peut mettre en doute l’intervention divine. Le sergent debout derrière lui reçut la flèche mais le bon Dieu conserva à la Sainte Eglise son valeureux champion. »
Jamais depuis le lancement de cette croisade, une place-forte n'avait résisté aussi longtemps. Alors que l'on entre dans la mauvaise saison, la position des défenseurs devient moins confortable. Certes, la nourriture ne manque pas, mais l'eau doit être rationnée car il ne pleut pas suffisamment pour remplir les citernes.
Les croisés souffrent également : la vie du camp est spartiate, et la faim les tenaille car le ravitaillement de la troupe n'arrive pas toujours. Une fois leur quarantaine faite, de nombreux pèlerins quittent les lieux, faisant baisser d'autant l'effectif.
Les deux parties ont donc des raisons de négocier. Un accord est trouvé : Raimond s’engage à livrer son château dès le lendemain. Montfort accepte de le lui rendre à Pâques de l’année suivante (1211).
Bible de Maciejowski, f° 12.
Les combats pour Termes ne se sont pas seulement faits sur la colline du château : les convois de logistique destinés au camp croisé ont eu à subir le harcèlement continuel des hommes de Pierre-Roger de Cabaret. Sous les remparts même de Carcassonne, il tente de détruire les machines de guerre des croisés.
Bible de Maciejowski, f° 15
Guilhem de ROQUEFORT :
Protecteur d'hérétiques avéré, ce seigneur faidit de la Montagne Noire ayant une mère cathare est, hormis Raimond de Termes, le seul défenseur du château de Termes dont le nom nous ait été transmis.
Son cas est particulier et nous montre le choix qu’ont dû faire de nombreux méridionaux suite à l’irruption de la croisade. Son propre frère Bernard-Raimond était également à Termes... côté assiégeants : il s'agit de l'Evêque catholique de Carcassonne ! Guilhem réussit à s'échapper de Termes : il meurt au 1er siège de Toulouse en 1211.
Raimond de Termes et
Simon de Montfort parlementent.
Dessin Lionel Duigou
9. The problems facing each side...
November comes and the siege drags on. The situation for Simon de Monfort is delicate: his food and supplies convoys are ambushed and attacked en route by the lord de Cabaret (Lastours) and are not getting as far as Termes. Furthermore, Simon de Montfort doesn't have a stable army. His soldiers, their "40 days" having been observed, are quick to return home. He is unable to keep the strength of army he has had.
On the side of the defenders, the lack of water is beginning to be felt. The castle is still in a good state of defence, but it's water resources are limited as the defenders can no longer get to the river.
The two sides therefore each have their reasons to negotiate and an agreement is reached at the time of the talks. Raimond is to hand over his castle the following morning until Easter (about 5 months away).
9. Dificultades en ambos campos…
Llega el mes de noviembre y el cerco se eterniza. Para Simón de Montfort es una situación de apuro : en los caminos, los convoyes de víveres y de material caen en emboscadas y ataques, instigados por el señor de Cabaret (Lastours), y no consiguen abastecer a Termes. Además, Simón de Montfort no dispone de un efectivo estable : después de terminar su cuarentena, los soldados se apresuran a volver a casa. Así que desconoce el efectivo exacto con el que va a poder contar.
Del lado de los defensores, es el agua la que empieza a faltar. Desde luego, el castillo sigue siendo en estado de defensa, pero sus reservas de agua resultan limitadas, pues los defensores ya no tienen acceso al río.
Ambos campos tienen pues motivos para negociar, y los contactos permiten llegar a un acuerdo : Raimundo debe entregar el castillo –se le concede un plazo hasta el día siguiente–, y lo recuperará a la Pascua florida.